Yann Wehrling en Creuse
Yann WEHRLING, Secrétaire Général du Mouvement Démocrate, a effectué un déplacement en Nouvelle Aquitaine.
Sa visite a débuté le matin à Limoges par une rencontre avec les élus et les militants du Modem 87. Il est arrivé en début d’après-midi en Creuse pour visiter une entreprise : la société ATULAM à JARNAGES. Cette société, dirigée par Xavier Lecompte, réalise des menuiseries en bois sur mesure de qualité. Elle figure dans les 10 premiers employeurs du département avec 130 salariés.
Le MoDem de la Creuse a sélectionné cette entreprise pour mettre l’accent sur sa croissance exceptionnelle (chiffre d’affaire multiplié par 10 en 10 ans) liée à une stratégie de niche. Et aussi pour affirmer que dans notre département rural les entreprises sont en mesure de concilier développement important et qualité de vie pour les salariés.
Xavier Lecompte et Yann Wehrling lors de la visite d’Atulam :
Yann Wehrling, pourquoi ce déplacement en Creuse ?
Y.W. : Depuis que je suis secrétaire général du Mouvement Démocrate, je fais le tour de tous les départements de France pour aller à la rencontre des cadres et des militants du Mouvement Démocrate. Et aussi découvrir ou redécouvrir et prendre la température des territoires, puisque depuis Paris, on ne voit pas tout.
Tout cela dans le cadre du travail d’un parti, le Mouvement Démocrate : Parti de gouvernement qui porte la responsabilité que nous réussissions le travail que les français nous ont confié en juin dernier avec Emmanuel Macron, le gouvernement d’Edouard Philippe dans lequel nous sommes, et le groupe parlementaire des 47 députés MoDem de la majorité présidentielle.
Lourde responsabilité qui consiste à faire toutes les réformes sur lesquelles nous avons été élus et dans le même temps être à l’écoute des français, dans les territoires, sur les attentes au regard de ces réformes et des ajustements qui pourraient être nécessaires pour que ces réformes soient les meilleures possibles.
On a besoin d’être à l’écoute des territoires, de leurs acteurs, de leurs entreprises, comme aujourd’hui avec ATULAM, une véritable « succès story », qui démontre que quand on fait des choix industriels pertinents, la réussite est au rendez-vous. En l’occurrence, se spécialiser, faire le choix de la qualité montre que cela peut marcher. Une entreprise qui se développe, augmente son chiffre d’affaire dans un contexte que nous avons aussi transformé : le chef d’entreprise nous l’a confirmé : une ambiance créative et créatrice où l’économie redémarre simplement parce que la France a une nouvelle image aujourd’hui à la fois sur le plan national et à l’international. Cela crée de l’activité économique. Tout cela dans un nouveau cadre : un contexte international d’une demande de plus de qualité de la part des consommateurs notamment sur les questions environnementales. Les entreprises sont en train de répondre à ces demandes et nous devons les accompagner pour cela.
Les accompagner, cela veut aussi dire venir sur les territoires vérifier les besoins supplémentaires. Et là je vois que dans une entreprise qui pourtant se développe, il existe des angles morts, des besoins auquel il falloir répondre pour que l’entreprise continue de se développer.
Des besoins de formation pour que l’on puisse embaucher des gens formés aux métiers qu’ils veulent exercer pour permettre aux jeunes de rester sur les territoires en étant embauchables dans ce genre d’entreprise, ainsi que des cadres ou des personnes de métiers plus qualifiés.
A un autre niveau, ce sont des entreprises qui ont besoin de matières premières, et en l’occurrence là c’est une entreprise qui a besoin de bois. L’idéal ce serait qu’elle puisse avoir du bois français, car elle le souhaite. Et on constate que ce n’est pas possible. Qu’aujourd’hui le chêne est acheté massivement par les chinois et que nous n’avons pas de rempart à cela. Il va falloir qu’on en construise, qu’on sécurise l’approvisionnement français des entreprises qui font du « Made in France ».
Voilà tout ce que je découvre dans ce genre de déplacements. Ces quelques exemples montrent l’utilité d’aller à la rencontre des territoires et des mouvements départementaux que le MoDem a développé au cours des dernières années et qui sont extrêmement présents et se développerons, j’en suis certain.
Que vous enseigne cette visite d’entreprise en Creuse ?
Y.W.: L’exemple de cette entreprise que je viens de visiter me confirme que dans des territoires comme la Creuse, il faut spécialiser certaines filières économiques, les accompagner d’amont en aval, c’est-à-dire l’approvisionnement, la formation pour que cet écosystème permette le développement de l’entreprise et d’autres entreprises en complémentarité. C’est le rôle des pouvoirs publics. En plus, je sais qu’ici dans la Creuse, vous êtes en territoire d’expérimentation pour répondre à la question des territoires en déprise démographique. Il y a des réponses particulières, spécifiques. L’expérience Creusoise sera très intéressante à mener pour après la généraliser sur les autres territoires en difficulté économique.
C’est un beau pays, la France. Il n’a pas vocation à l’imaginer un jour comme un pays avec d’un côté les métropoles ultra dynamiques et le reste du pays qui serait un musée pour touriste, chinois. Il doit y avoir des activités partout. Il y a des solutions, pleins. Et j’aime beaucoup cette idée d’expérimentation locale.
Les politiques publiques ont donné par le passé un sentiment d’inefficacité et de gabegie financière. Pour le développement de notre territoire rural, ne faut-il raisonner avec une vision d’ensemble ?
Y.W. : La solution est dans un projet global et le plan d’expérimentation creusois aura un intérêt si on relie les infrastructures routières et ferroviaires avec ce projet de territoire global. Où les élus vont mettre le paquet sur tel ou tel domaine de développement économique, donc telle filière de formation et mettre l’accent sur des outils informatiques et numériques qui vont permettre de développer.
Le cadre de vie c’est l’atout de ce territoire. Il faut concevoir ce territoire comme une entreprise qui cherche ses clients. Il doit permettre d’attirer des entreprises, notamment celles qui recherchent ce cadre parce qu’elles ont une forte dimension d’activités créatives par exemple. Et derrière, dans leur cahier des charges, elles ont besoin d’une garderie, d’une école, d’un médecin, de commerces et de services…
Dans les grandes villes et les métropoles, les temps de trajet domicile/travail et retour augmentent et c’est quand même pénible. Les gens voient de moins en moins leurs enfants, alors que dans des territoires comme la Creuse, ils n’ont pas de grands temps de transport et que le cadre de vie est meilleur pour eux et leurs enfants.
Les déserts médicaux : une fatalité ?
Y.W. : Les départements comme la Creuse, comme beaucoup d’autres départements ruraux sont dans une situation de plus en plus grave d’absence de médecins et de médecins qui n’en peuvent plus, parce que trop sollicités, trop en demande. Là, il faut expérimenter le numérique de l’e-santé et des solutions d’organisation différentes du métier.
Est-ce que l’on ne peut pas imaginer des métiers de santé intermédiaires, qui soient une première présence physique dans les territoires pour accueillir tout un chacun. Les médecins disent que 80% des consultations sont pour des choses récurrentes et des pathologies pas très complexes à examiner et à traiter avec des gestes médicaux pas très complexes et qui pourraient être faits par d’autres métiers de la santé. Dans des zones rurales, cela pourrait s’envisager sachant que ce serait un premier, si j’ose dire, « tri ». Et quand la pathologie est grave, là on ferait appel à un médecin qui a fait 10 ans d’études et qui ne serait pas en situation de devoir refuser les patients sur des critères de nombre. Si les gens sont gravement malades, ils ne devraient pas ne pas pouvoir avoir un médecin au motif que le médecin a trop de patients dans son planning de consultation. Le tri devrait être fait en amont sur le critère grave/pas grave. Nécessité selon la gravité d’avoir la possibilité de consulter le médecin ou passage chez un professionnel de santé qui peut par exemple vous prescrire un antibiotique en cas d’infection suite à une morsure d’animal. Pour cela il faut actuellement passer chez un médecin, car l’antibiotique doit être prescrit. Il faudrait que ce soit un autre professionnel de santé qui puise le faire et l’on pourrait s’appuyer aussi sur les pharmaciens, les infirmières qui sont plus présents dans les territoires que les médecins et qui pourraient apporter un premier examen simple, un premier diagnostic, un premier soin pas trop complexe à faire. Et qu’on réserve au médecin les pathologies les plus difficiles.
Je suis effaré d’entendre que des gens qui ont des pathologies parfois graves, ne peuvent pas aller chez un médecin au motif qu’il a trop de monde dans son cabinet.
Propos recueillis par Eric Daubechies
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